J'aimerais maintenant témoigner d'un sentiment personnel maintes fois éprouvé. Etant donné mon âge, j'ai plusieurs fois accompagné sur leur lit de mort des êtres chers. Des personnes dont je connaissais intimement la voix, le regard, la sensibilité, les passions, les frémissements et gémissements, les rires et les pleurs. Chaque fois, j'ai été saisi par le décalage qui existe entre l'être unique de la personne et le corps inerte gisant là sous mes yeux. Indéniablement, ce corps soudain immobile appartenait à un proche, à un ami, mais je savais que son être ne se réduisait pas à cela, qu'il était déjà incroyablement libéré, unifié, ailleurs. Il était d'ores et déjà présent autrement, et autrement plus présent.
François Cheng
Extrait tiré de la quatrième méditation sur la mort de l'ouvrage "Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie" - Éditions Albin Michel, 2013 - p. 116
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